Voyage en Loire

Parmi les joncs, dans l'herbe, un cristal qui scintille.

Elle est née. Vierge et pure, des schistes elle est la fille

Déjà balbutiant.


Timide ruisselet, sous la mousse elle murmure,

Dispensant aux graviers, miroitante parure,

De l’eau vive le chant.


Elle s'éveille au grand jour. Elle hésite un instant

D'un plan d'eau prisonnière, puis elle prend son élan

et va s'aventurant.


Ru menu puis ruisseau, elle dévale les pentes,

bondit de roc en roc en cascades ardentes

Et se gonfle en torrent.


La Loire aux pieds des monts impétueuse écume

Et roule puissamment les eaux portant la grume

Arrachée aux volcans.


Et c’est, soudain calmée, un fleuve assagi

Qui traverse des plaines avant d’avoir choisi :

La mer ou l’océan ?


La Loire alors s’endort aux flancs du sable blond

Qu’elle étreint en ses bras en un amour profond,

Sous des cieux consentants.


Opulente et coquette elle pare ses coteaux

De l’écrin de ses vignes, de l’or de ses châteaux,

Comme autant de joyaux.


Elle flâne tourangelle et caresse angevine

La pierre, le tuffeau, qui la parant, divine,

Se mirent en ses eaux.


Elle baigne un court instant des berges portuaires

Avant de se donner en un long estuaire

Au sel et aux roseaux.


Puis en mouvants reflets, sous les lourdes paupières

Que font à ses rivages de paisibles vasières,

La Loire en un voyage qui touche à sa fin,

Se mêle à l’Atlantique et s’y noie de chagrin.

lundi 23 mars 2009

Raisons et intentions

Rime n'est pas poésie, pas davantage d'ailleurs que poésie n'est rime. Plus simplement, la poésie est là où la ressent celui qui la cherche. C'est pourquoi le présent blog dédié au Beau Fleuve, qui est la poésie même, sera fait de mots, rimés ou non, et d'images, exprimant le charme lyrique qu'il inspire au plus grand nombre d'entre ceux qui l'aiment.

Foch a dit « Il n'est pas d'hommes cultivés ; il n'est que des hommes qui se cultivent ». Une telle affirmation laisse supposer que la volonté intervient impérativement dans toute démarche ayant pour objet la culture, mais Foch était-il un poète ? La Loire, avec naturel autant qu'avec grandeur, démontre en tout cas qu'il peut en être autrement et que ce qui nous touche peut nous cultiver, parfois à notre insu.
Il est une culture de la Loire comme il en est une de tous les fleuves, celle d'aucun autre n'égalant la sienne en douceur pénétrante, comme en richesse et en variété. Nul n'est besoin pour cela d'attaches particulières ; de terroir ou de sang. la Loire se suffit à elle-même et s'offre à tous ; elle est en tout point de son cours un objet d'émerveillement en même temps que d'attirance.

Il s'agira donc ici, autant que de partage culturel, d'une tentative de communiquer l'émotion qu'éprouve l'auteur, inlassablement, à chaque fois qu'il redécouvre cette Loire qui, non satisfaite de la multiplicité de ses facettes, n'est jamais la même au même endroit.

Lorsqu'il lui arriva de la traverser pour la première fois, ce fut sans y prêter attention ; il était trop jeune pour cela. Les premiers émois que lui offrit la Loire datent de sa trentaine environ, l'âge des amours réfléchis et solides. Demeurant en Bretagne sud, il la remontait souvent alors, par l'une comme l'autre de ses rives, depuis Nantes jusqu'à Orléans, pour s'en éloigner ensuite en direction de la région parisienne. Il aimait emprunter ce chemin des écoliers, justement à cause de la Loire dont il parcourait les levées qui offraient leur sinuosité à son plaisir de conduire. Au fil des kilomètres il était sous le charme de ces paysages qu'il aime tant aujourd'hui encore, au point de se plaire, à un âge avancé, à y musarder ; à y effectuer aussi souvent que possible de longues flâneries ponctuées d'innombrables haltes.

Il veut témoigner ici de cet amour à ceux qui sont aussi sous le charme de la Loire, tel qu'elle l'offre à ses seuls amants.

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